Expérimentations libres

des membres et personnes sympathisantes du collectif

Labyrinthe

Et nous entrons dans l’insoluble labyrinthe, là où les espérances sont devenues des habitudes. Affliction d’une époque qui s’autodétruit devant nos yeux laissant la place aux racines qui recouvriront bientôt les ruines de notre temps. Dans l’espace parallèle s’achèvent les mondes qui diffusaient la puissance lumineuse. Nos rêves d’amours implosent en immondes cauchemars au vernis schizophrénique.

Devant le souffle solitaire, des vents glaciaux qui démasquent les personnages guenilles qui se déplacent en mouvement lent sur un échiquier de cases grises, fatiguées par de trop nombreux passages. La boucle tourne et les longs couloirs immaculés de sang démontrent toute la folie de l’œuvre. Les cris, les pleurs, les souffrances des êtres qui se trouvent ici ne s’arrêtent jamais. Il y a trop de voix, trop de cacophonie pour détendre le tympan et comprendre le sens profond des paroles. Elles se perdent dans l’oubli du vide qui s’étale devant les artifices du mensonge. Elles n’ont de sens que de combler le néant.

Et nous marchons lentement vers une autre porte qui s’ouvre sur d’autres longs couloirs barbouillés par autant de haine que nous n’arrivons même plus à voir devant. Le fracas des sentinelles devient notre seul repos contre les voix qui s’intensifient. Elles crient de plus en plus fort les mêmes slogans, les mêmes dérisions pathétiques, les mêmes refrains dans une répétition qui n’aura jamais de fin.

La puissance du verbe n’y pourra rien. Les articulés de bonne conscience se déploient devant le chemin du salut. Il n’y a pas d’issue. Il n’y a que l’habitude, la banalité, la certitude de savoir d’avance les coups qui se préparent dans les aubes rosées des pensées maléfiques. Mais surtout de savoir son impuissance devant les coups portés en plein cœur, de savoir que nous sommes maintenant ici à jamais.

La brèche

Illustration et poème publiés par Isabelle Caron et Daryl Hubert dans le recueil Mon village: un personnage, une maison, un souvenir, une histoire. Ce projet a été réalisé dans le cadre du 30e anniversaire de la bibliothèque Gilles Vigneault et le 15e anniversaire du Journal communautaire Le Portageur de Natashquan.

Droit de s’évader dans l’âme d’un village
Où même les vagues nous appellent à coexister
À rendre visible nos mémoires, nos galets
À rendre humaine notre folie, nos voyages…

Ici, nous avons rencontré
D’un coeur à l’autre, des femmes et des hommes
Partageant l’expression d’une danse authentique, folklorique et engagée
Qui de partout, et pour ensemble, nous ont fait rêver.

Rêver d’unité, rêver de pays
Rêver d’histoire et d’infini
Rêver de vous… revoir bientôt
Rêver à cette brèche qui s’ouvre.. sur des possibles tangibles.


Isabelle Caron, et Daryl Hubert. 2011. « La brèche ». In Mon village: un personnage, une maison, un souvenir, une histoire, p. 15-16. Le Journal Le Portageur. Natashquan.

ISBN : 978-2-9812725-0-8
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2011

Le Cortège rêvé

Une fanfare, une parade, entraperçue ou hallucinée dans le jardin d’une fillette il y a plus de vingt ans reprend vie dans un atelier d’artiste. La procession surréelle défile ensuite dans les rues du quartier, laissant derrière elle une traînée de restes diurnes et de regards incrédules. De la vision de ce cortège rêvé, de ces corps poussiéreux exhumés du souvenir, émerge une question : « Corps, t’ai-je rêvé ? »

Par temps gris, une performance. Une manifestation artistique spontanée & éphémère. Un rêve dadaïste poussiéreux qui marie la tragédie et la comédie, le carnaval et la marche funèbre. Un rituel onirique, ayant pris vie grâce à la collaboration d’artistes estimés indispensables au parachèvement de ce projet collectif d’inspiration surréaliste. Une fanfare qui a eu pour scène et décors un parcours de 3 Km dans le quartier Mile-End le 17 mai 2009. Ce cortège amorça son périple dans l’atelier d’Isabelle Caron…

Scénario : Jean-Philippe Boudreau | Idée originale, production & direction artistique : Isabelle Caron | Réalisation & montage vidéo : Anh Minh Truong | Composition sonore : Samuel Laflamme | Crédits photos : Vincent Biron