Encore toi!

Avis de recherche d’inspiration

Recueil perpétuel | Encore toi!

Vers un refus global…

Je lui ai dit, en hachant mes paroles que nous devions manger pour le souper : « Trois rossignols ne peuvent me donner le bonheur. » Et le regardant bien en face : « Si je remplis la maison de rires tu sais ces beaux rires près de la route qui conduit à la forêt vas-tu me serrer la main ? » II a dit : « Oui. »

Thérèse Renaud, Les Sables du rêve, 1946

Ces voyages sont aussi dans le nombre l’exceptionnelle occasion d’un réveil.

Des perles incontrôlables suintent hors des murs.

L’inviable s’infiltre partout

Le règne de la peur multiforme est terminé.

Un nouvel espoir collectif naitra.

Nos passions façonnent spontanément, imprévisiblement, nécessairement le futur.

Nous poursuivrons dans la joie notre sauvage besoin de libération.

Des pas, encore des pas

Bien invisible autrement, la neige révèle l’humain passé,

Créant un étrange rappel de la densité de la ville.

Chaque pas est gravé dans la neige et chacun y rajoute le sien,

Définissant le paysage urbain par son humanité.

Trace par trace, l’humain signale sa présence à l’autre.

Inconscience, ou désir de s’approprier un lieu encore vide,

Tous participent au piétinement de l’étendu blanche,

Et l’empreinte humaine s’étend impitoyablement.

Serait-ce l’incarnation du besoin de posséder son bout de terrain ?

Grain par grain, le vent tente d’assouplir et de libérer ce paysage,

Mais la cicatrice humaine est profonde,

Et le travail d’une journée se détruit en quelques instants.

Où aller pour trouver un endroit vierge d’humanité ?

Doit-on tout posséder de ce canevas singulier ?

Des traditions en suspend

11 novembre, Sankt Martin :

Sankt Martin… Ein Kinderlachen in Deutschland. Sternenklare Nacht. Lichter wirren durch die Dunkelheit.

Parfois, les traditions se font timides, ne nous parlent plus comme avant, et un jour se meurent, faute de dialogue.

La famille, haut-lieu de milles projets, nous incite à raviver la flamme, à créer des rituels qui se muteront en petites traces de continuité confortable dans les récits d’enfance. Presque spontanément, on brise la routine, on se crée une communauté conviviale, volontaire, qui entre dans la danse sans se faire prier. On rassemble les matières premières; un souper réconfortant, un peu de lumière et des mains qui bricolent. Une tradition s’exporte au-delà de l’océan, l’héritage se transmet à notre famille élargie, devient nôtre.

Première édition de Sankt Martin dans notre ruelle de Villeray. Encore toi, expression de joie et de lumière, de sourires en dents de lait.

Ich gehe mit meiner Laterne und meine Laterne mit mir.
Dort oben leuchten die Sterne, hier unten leuchten wir.

Des idées en suspend

Des idées en suspend, qui s’additionnent sur des listes imaginaires ou griffonées. Celles qu’on se partage, pour qu’elles deviennent un peu tangibles parmi le reste, le quotidien, l’aujourd’hui-et-demain de notre vie. Qui reviennent sans cesse en tête, jusqu’à ce qu’elles se matérialisent, un jour ou jamais. Un sac de tissus abandonnés à Montréal, milles possibilités rappelées au regard embué par l’inertie et la fatigue.

Et puis, la naissance de l’idée.  

Le vieil ennemi

Encore toi, mon vieil ennemi.
L’armée intérieure s’engouffre dans les veines sanguines.
Au pied de ma fin du monde qui m’aspire
Le général de l’armée blanche s’avance.
Les couloirs blancs inhospitaliers me rapportent à l’intérieur de moi.
Encore toi, qui s’infiltres dans mes espérances
Et me coupe le souffle dans mes élans grandioses.
Je reste là, dans la douleur, à faire pleurer les plafonds.
Nuit de cœur, nuit de sacré
Emporte mes larmes dans les musiques classiques des corridors chrétiens.
Encore toi, pour me rappeler l’espace-temps
Des écoulements de mes joies, de mes amours et de mes folies.
Goutte à goutte, les poisons s’infiltrent dans mes rêves
Me font mal de tête.
Désolation d’espérance et urgence du temps
S’entrechoquent dans mes tourments qui me portent ailleurs.
Et j’avance toujours plus vite.
Et j’avance, pulsion de vie.
Et j’avance droit devant.
Tu n’auras pas ma peau, je serai libre bien avant.
Encore toi, mon vieil ennemi.
Un jour, je t’emporterai loin de moi
Au bout du temps, au bout du monde.
Et tu ne seras plus qu’un sinistre souvenir.