Convergence des potentiels

Un lieu, enfin. Un rendez-vous, coin William et Eleanor, quelque part entre décembre 2015 et mai 2016. Du concret qui perce notre bulle jusque là construite de rêves. Et qui déstabilise.

Nous regarderons la ville de bas en haut, nous qui sommes habitués au contraire. Notre champ de vision nordique sera obstrué par les gratte-ciel, par les tours à bureau, le centre-ville dans toute son exubérance. Nous verrons Montréal autrement, verrons quotidiennement son américanité, ses tailleurs et ses complets, sa frénésie qu’on se gardait pour les occasions spéciales.

Amener du contraste
Balancer les couleurs
Dans un quartier laboratoire
titanesque pour êtres urbains
créer des îlots de chaleur
humaine

Car il ne faut pas se fier aux apparences. Avec de la chance, il y aura encore les vestiges d’avant, les restes d’une époque révolue, ouvrière et populaire. De quoi s’attacher au quartier, se rattacher à ses racines. Et il y aura le canal, sans doute plongé dans l’ombre par des nids d’oiseaux rares, mais où coulera toujours cette même eau, un cycle qui se renouvelle sans cesse, et où s’étirent des chemins aux détours invitants.

Canal et basse ville
Y investir les interstices et faire germer des vivaces
Créer du chez-soi collectif
et planter des tournesols
à l’ombre des tours à condos

Et il y aura toujours les symboliques bancs d’église à l’air libre qui contemplent les grands arbres, comme s’il fallait saisir ce mince espoir verdoyant, cette nature qui se déploie envers et contre tout, et s’en faire une foi.

Au moment où l’on choisit
le moins facile l’inattendu le pas très confortable
on sait que l’on s’en va d’autant plus
vers un futur à bousculer, démultiplier et confronter, vers un futur à créer.