Texte

alpha

α

En physique, la constante de structure fine, est une constante fondamentale qui régit la force électromagnétique assurant la cohérence des atomes et des molécules.

α se calcule en divisant le carré de la charge d’un électron par le produit de la vitesse de la lumière et de la constante de Plank. Toutes unités sont cancellées. Nous avons une valeur pure correspondant à un peu plus de 1/137.

Et pourquoi pas 1/137 ?! Pourquoi pas 42 ! Là il me semble que ça aurait plus de sens…
C’est comme l’ultime valeur, qui fait que tout, mais vraiment tout, se tient et il faut que ce soit une affaire comme: 7,297 352 5376 * 10-3 !!?

Est-ce que cette valeur est telle à cause d’une profonde logique encore innacessible ? ou bien est-ce le fruit d’un hasard complexe et insensé ?

Ce doit être qu’on est dans le champ avec notre système de numération décimal. Peut-être qu’on pourrait y trouver un sens avec le système de numération en base Shadok…

« Sois Libre »

(Cliquez sur «lecture» avant de commencer)

Une journée comme il y en a d’autres. Je devais aller à un cours. Le genre de cours donné par un prof imbus de lui même. A peine assis, je me relève et prends la porte. D’un pas décidé, je sors de l’université, monte dans le métro en direction du nord. Sans aucun objectif. Je sors à la dernière station, rive nord. Je marche quelques mètres et aperçois un magasin de musique. Je rentre. Plusieurs guitares bons marché. J’en essaye une avec un cutaway, qui permet d’aller jouer dans les aigus. Le son est ample, la touche est confortable, la tenue est légère. Je l’achète immédiatement. Je quitte le magasin avec ma nouvelle acquisition et marche le long du fleuve. Je m’installe sur un quai flottant, inspire, et souffle.

Je passerai le reste de l’après-midi là, à jouer au rythme de l’eau.

Nous sommes cinq ans plus tard. Je suis à San Francisco. En tant que musicien, j’ai pris en couleur, en nuance et en présence. J’ai toujours ma guitare avec moi. C’est notre dernier voyage. Avec tout humilité, Il est temps pour moi d’en trouver une plus à mon jeu.

Je cherche un endroit où je pourrais jouer.
Je marche sur Masson, vers l’est. Arrivé au bord de l’eau, sur Embarcadero, à ma grande surprise, je retrouve une construction familière. Il s’agit d’une fusée, une installation artistique présentée à Burning man l’année du thème «Evolution». Je m’installe dessous. Je joue une dernière fois.

Ce que vous écoutez actuellement, c’est un adieu.

Je pose la guitare puis m’en vais. Pas un abandon, juste un don. À la providence, à whoever may come and take it. Un couple de jeunes mariés apparaît alors, pour se faire photographier sous la fusée, la guitare en arrière plan comme si elle faisait partie du décor. Ce qu’aucun d’eux ne se doute, c’est de ce qui est inscrit en arrière de la guitare… 

Je + Je (elle) + Je (lui) + Je (∞)

Dernièrement, dans une assemblée politique de quartier, j’entendais un homme d’âge honorable s’insurger sur la désuétude des biens de consommation produits :  «S’ils sont capables de mettre des satellites en orbites dans l’espace, dit-il, et qu’ils restent en bon état pendant plus de vingt ans, ils ne viendront pas me faire croire qu’ils ne sont pas capables de faire des «chars» qui dureraient un peu plus longtemps avant de les envoyer à la cour à «scrap»!» …En effet, la logique du marché semble aller à l’encontre de la logique du commun des mortels. Je ne ferai malheureusement (ou heureusement?) pas de leçon d’économie, car j’en ai ni l’aptitude, ni la prétention. Mais un point qui me heurte à la réminiscence de ce judicieux commentaire est l’emploi du 3e pronom personnel du pluriel, ce «ils» accusatif. Ceux que cet homme pointait, ce « ils », ce regroupement lointain et dépersonnalisé, qui semble avoir bien du pouvoir et contrôler bien des lois marchandes (qui, doit-on vraiment le spécifier? ont des impacts sur bien des vies). Qui sont-ils? Serait-ce possible ultimement d’envisager de remplacer ce ils par un vous, tel une discussion plus directe, plus humaniser et qui ne tombe pas dans la paranoïa accusative? Ou encore serait-ce mieux d’y voir un nous, tous ensemble, d’y voir un projet commun où nous avons le contrôle de nos vies ? Et si je pousse la réflexion à son apogée (et inspirée par un certain sociologue, Touraine), devrait-on commencer par nommer ce nous par un «Je»? Le sujet en pleine possession de ses moyens, de ses connaissances et dans la reconnaissance des limites de sa connaissance. Et surtout, surtout, le sujet, dans la reconnaissance à l’égard de ceux qui l’environnent, l’altérité qui lui ressemble mais qui n’est pas sont égale ni sont prochain, il est différent dans toute sa légitimité et de cette différence naît le plaisir de se côtoyer avec toutes les spécificités qui nous font dire que « Je » est nul autre.

Et le je + je (elle) + je (lui) + je (∞) = un nous en santé.

Vent

Vent
Vantardise
Vaniteux
Coup de vent
Vent glacial de l’aube
Tombe sur mon caniveau en vente
Pour un passage au quai de Vendôme
Vent
Variable cannibale
Vassal
Ton cauchemar d’hier s’efface devant
Te laisse au vent
Des idées cognent au ventre
Des caresses vampiriques
Tornade qui prend son envol
Dans les jardins des vandales
Ventriloque de la parole facile
Qui attire la vengeance
Mes yeux vendangent de rougeurs
Vent
Partir au vent
Un vendredi
Sans mot dit

Les papillons

Les papillons des désirs

Tournoient sans fléchir

Dans les pensées rêveuses

Des courbes avantageuses

Sur un dessin de neige

Caligraphié de nuages

Sur un chemin lointain

Une savoureuse douceur

Des mages éclaireurs

De leurs mains coulent des nuées

Des roses éclaboussées

Typographiées par un marteau

Lentement sur papier comme chair sur os

Prendront forme les tourmenteuses attirances

Qui s’appliquent fer rouge sur sang

Des destins qui s’abreuvent au Cap Tourment

Solides espèrent d’amères galères

Qui flottent sur les eaux d’autres ères

S’entrecroiseront les grandeurs d’autrefois

Les souvenirs de demains

Et les pensées de maintenant

Ils imploseront dans les néants

Et seront gravés sur les pierres d’Éden

Au croisement des croix et de la foi

Toujours qu’un seul baiser

Par les délices de mes yeux embraisés

Transpireront les désirs

Alors que les papillons s’enfuirent

Les papillons des désirs

Tournoient sans fléchir

Dans les pensées rêveuses

Des courbes avantageuses

Sur un dessin de neige

Caligraphié de nuages

Sur un chemin lointain

Une savoureuse douceur

Des mages éclaireurs

De leurs mains coulent des nuées

Des roses éclaboussées

Typographiées par un marteau

Lentement sur papier comme chair sur os

Prendront forme les tourmenteuses attirances

Qui s’appliquent fer rouge sur sang

Des destins qui s’abreuvent au Cap Tourment

Solides espèrent d’amères galères

Qui flottent sur les eaux d’autres ères

S’entrecroiseront les grandeurs d’autrefois

Les souvenirs de demains

Et les pensées de maintenant

Ils imploseront dans les néants

Et seront gravés sur les pierres d’Éden

Au croisement des croix et de la foi

Toujours qu’un seul baiser

Par les délices de mes yeux embraisés

Transpireront les désirs

Alors que les papillons s’enfuirent

Orage

Au bout du chemin il y avait l’orage
Comme tant de fois quand s’envolent les anges
Je suis flottant au dessus des abîmes
Comme perdu au firmament des cimes
 
De mes idées je soulève des mondes
Qui s’évanouissent en grains de poussière
Des châteaux si vastes parsèment mon empire solitaire
Et se déconstruisent au lever des aubes
 
Général aux armées fantomatiques
Les sentinelles dansent au rythme frénétique
Réveillé par les nuées d’hommes métalliques
Je vois mes armées franchir la passe colérique
 
Dans un bruit de criquet de fracas ordonné
Ils avancent dans un destin qui s’est emballé
Au loin la reine courtise les saltimbanques
Dans des orgies aphrodisiaques
 
La terre de ma haine se noie de rouge
Qui en longues traînées d’oublis s’étale
Sur le sol roulent les bouteilles
Qui est-elle?
 
Elle chante aux éclats diurnes
Sur la musique d’orchestre du passé
Des veilles chansons usées
Par le temps comme les cratères de Lune
 
Le vent apporte le parfum d’Azazel
La chaleur calcine sa peau jouvencelle
Elle s’évapore en larmes de tristesses éternelles

Labyrinthe

Et nous entrons dans l’insoluble labyrinthe, là où les espérances sont devenues des habitudes. Affliction d’une époque qui s’autodétruit devant nos yeux laissant la place aux racines qui recouvriront bientôt les ruines de notre temps. Dans l’espace parallèle s’achèvent les mondes qui diffusaient la puissance lumineuse. Nos rêves d’amours implosent en immondes cauchemars au vernis schizophrénique.

Devant le souffle solitaire, des vents glaciaux qui démasquent les personnages guenilles qui se déplacent en mouvement lent sur un échiquier de cases grises, fatiguées par de trop nombreux passages. La boucle tourne et les longs couloirs immaculés de sang démontrent toute la folie de l’œuvre. Les cris, les pleurs, les souffrances des êtres qui se trouvent ici ne s’arrêtent jamais. Il y a trop de voix, trop de cacophonie pour détendre le tympan et comprendre le sens profond des paroles. Elles se perdent dans l’oubli du vide qui s’étale devant les artifices du mensonge. Elles n’ont de sens que de combler le néant.

Et nous marchons lentement vers une autre porte qui s’ouvre sur d’autres longs couloirs barbouillés par autant de haine que nous n’arrivons même plus à voir devant. Le fracas des sentinelles devient notre seul repos contre les voix qui s’intensifient. Elles crient de plus en plus fort les mêmes slogans, les mêmes dérisions pathétiques, les mêmes refrains dans une répétition qui n’aura jamais de fin.

La puissance du verbe n’y pourra rien. Les articulés de bonne conscience se déploient devant le chemin du salut. Il n’y a pas d’issue. Il n’y a que l’habitude, la banalité, la certitude de savoir d’avance les coups qui se préparent dans les aubes rosées des pensées maléfiques. Mais surtout de savoir son impuissance devant les coups portés en plein cœur, de savoir que nous sommes maintenant ici à jamais.