Parade Phénoménale 2022

Le 2 octobre à la Parade Phénoménale du Festival Phénoména! Petite incursion dans la tête d’une balayeuse de cortège. Déambulatoire du Temps libre.

Documentation visuelle du processus menant à La Troupe expérimentale du temps libre (2017-2020)

Un mémoire écrit accompagne cette vidéo : https://archipel.uqam.ca/14984/1/M17109.pdf

Celui-ci permet de mieux saisir le processus qui a mené à la formation de cette troupe expérimentale et apporte une réflexion critique au sujet des pratiques artistiques collectives visant la transformation sociale

Le temps est 3

Le temps est un réveil qui me tend l’oreille.
Le temps est une proie à pétrir, un bon pain en devenir.
Le temps est une matière qui s’anime dans l’inconnu.
Le temps est un souffle au cœur.
Le temps est une création collective.
Le temps est un état à fréquenter.
Le temps est le dessin d’un symbole.
Le temps est un soir qui n’appelle qu’au matin.
Le temps est une mauvaise habitude.
Le temps est un semeur de rêves.
Le temps est une fresque donnant le vertige.
Le temps est une maman qui ne ferme pas les yeux.
Le temps est une pirouette qui rebondit.
Le temps est une main tachée d’encre.
Le temps est une naissance ailleurs.
Le temps est un moteur de langage avec une tournure technique.
Le temps est une lune qui ricane.
Le temps est un relief à plusieurs pics.

Le temps n’est pas un naïf refrain.
Le temps n’est pas le dos lisse d’un canard.
Le temps n’est pas une revue chargée de scandales.
Le temps n’est pas dégoulinant.
Le temps n’est pas la morsure d’un enfant sur le bras de l’adulte.
Le temps n’est pas la vie qui s’échappe.
Le temps n’est pas un train, ni en marche, ni à l’arrêt.
Le temps n’est pas un cadeau.
Le temps n’est pas un puits.
Le temps n’est pas (jamais) en retard.

Si j’étais le temps, je serais un tissu très doux.
Si j’étais le temps, je serais une eau salée tiède.
Si j’étais le temps, je serais toujours gourmand(e).
Si j’étais le temps, je serais un livre non ouvert.
Si j’étais le temps, je serais l’aube baignée d’espoir.
Si j’étais le temps, je serais un géant silencieux.
Si j’étais le temps, je serais nomade.

Le temps est 2

Le temps est un fil infini sur lequel il est trop bon de se laisser bercer.

… le nuage qui nous murmure des histoires souriantes, couché sur le dos.

… cette chaude chandelle qui bouge au rythme du pétillement d’un feu.

Le temps est cette journée pluvieuse, ou de maladie, qui nous fait apprécier l’ennui.
Il est ce voilier qui nous fait voyager.

Il est ce breakdance improvisé sans détour, avec un enfant, une soirée de party.
Il est l’étoile qui scintille la réalisation d’une corvée collective.

Le temps est un espace dans lequel il est si bon d’entrer.

Le temps est un vertige qui nous donne envie d’exister.

Le temps n’est pas un biscuit sec sans goût.

Il n’est pas un feu d’artifice qui tombe dans l’oubli.

Il n’est pas un baiser anodin.

Ou une télésérie crève cerveau un soir de semaine.

Il n’est pas non plus la grandeur du veston que je porte.
Ou la vapeur qui fait pression sur mon mur d’actualité.

Il n’est pas une grève en trop.

Ou le minerai inerte pour lequel on doit arrêter de se préoccuper.

Le temps est l’une des choses les plus précieuses avec laquelle l’on doit toutes et tous dialoguer.

Le temps sous contrainte capitaliste est une horloge, tic tac, qui nous observe.

Ce type de temps est une plaie douloureuse causée par l’effet de gravité d’une chaise de bureau.

Il est un ver de terre mal en point qu’on continue de sectionner à l’infini.

Il est cette douce brise qui s’écroule sous la lumière cathodique de mon ordinateur.
Il est ce gros caillou qui fait obstacle au temps lui-même.

Le temps sous contrainte capitaliste est un sentiment d’étouffement imposé par la matraque.

Il est une dette que l’on contracte à la naissance.

Une fleur qu’on oublie.

Il est la chose qui me fait marchandise.

Sans nuance, il est la chose qui m’est tout simplement… volée.