Le temps est 2

Le temps est un fil infini sur lequel il est trop bon de se laisser bercer.

… le nuage qui nous murmure des histoires souriantes, couché sur le dos.

… cette chaude chandelle qui bouge au rythme du pétillement d’un feu.

Le temps est cette journée pluvieuse, ou de maladie, qui nous fait apprécier l’ennui.
Il est ce voilier qui nous fait voyager.

Il est ce breakdance improvisé sans détour, avec un enfant, une soirée de party.
Il est l’étoile qui scintille la réalisation d’une corvée collective.

Le temps est un espace dans lequel il est si bon d’entrer.

Le temps est un vertige qui nous donne envie d’exister.

Le temps n’est pas un biscuit sec sans goût.

Il n’est pas un feu d’artifice qui tombe dans l’oubli.

Il n’est pas un baiser anodin.

Ou une télésérie crève cerveau un soir de semaine.

Il n’est pas non plus la grandeur du veston que je porte.
Ou la vapeur qui fait pression sur mon mur d’actualité.

Il n’est pas une grève en trop.

Ou le minerai inerte pour lequel on doit arrêter de se préoccuper.

Le temps est l’une des choses les plus précieuses avec laquelle l’on doit toutes et tous dialoguer.

Le temps sous contrainte capitaliste est une horloge, tic tac, qui nous observe.

Ce type de temps est une plaie douloureuse causée par l’effet de gravité d’une chaise de bureau.

Il est un ver de terre mal en point qu’on continue de sectionner à l’infini.

Il est cette douce brise qui s’écroule sous la lumière cathodique de mon ordinateur.
Il est ce gros caillou qui fait obstacle au temps lui-même.

Le temps sous contrainte capitaliste est un sentiment d’étouffement imposé par la matraque.

Il est une dette que l’on contracte à la naissance.

Une fleur qu’on oublie.

Il est la chose qui me fait marchandise.

Sans nuance, il est la chose qui m’est tout simplement… volée.