novembre 2014

Truand, baiser et Mustang

( * lire le texte Moment publicitaire avant celui-ci )

Le sang du banquier giclait sur le socle. Du si beau marbre aurait dit ma mère. Il me regardait encore. Il avait cette obsession de toujours me sourire. Depuis, notre rencontre dans ce bar miteux, il n’avait cessé d’être illuminé par ma présence. Maintenant, je pense, enfin j’espérais avoir capté son attention avec mon acte complètement fou. Il faut croire que ça fait du bien un bon coup de baseball bien visé et le grand chelem n’est pas si loin finalement. Les otages s’étaient tuent leurs cris de désespoir m’énervaient au plus haut point. Je déteste ce comportement de pleutre, qui après avoir mené une vie de nul implore encore quelques fractions de seconde. Une seconde de plus va changer quoi dans ta vie?

Là, devrais-je encore décider ? Il semblait trop apprécier le moment pour réagir et prendre la fuite. C’était, lui dans toute sa splendeur, le moment présent comme une terminaison définitive. Le hurlement des sirènes était de plus en fort. Lentement, il cessa de me regarder et leva les yeux. Je savais qu’il avait décidé de la suite de l’action. Il s’empara de son arme, ramassa les deux sacs d’argent, arma l’arme et le feu nourri du semi-automatique fit voler en éclat la vitre principale de la banque. Dehors, la cavalerie arriva à vitesse folle. Une journaliste blonde, jambes sans fin et sourire de pulsion de glace avec son cameraman grand et musclé qui devait savoir s’occuper d’elle les soirs sans reportage. Ils tentaient de capturer le meilleur moment d’intensité pour les spectateurs du monde entier.

Voilà le moment. L’intensité, c’était bien la clé. Il avait compris qu’il ne pourrait pas combattre la morosité des choses de la vie qu’en m’offrant cette intensité. Intensité dans chaque chose, dans l’action, dans les mots, dans l’alcool, dans les gestes amoureux, dans l’amour lui-même. Intensité qui t’empêche de rester dans le même état plus de deux secondes. Il avait décidé de mourir et c’est pour cette raison que je savais que nous sortirions d’ici vivant.

Et au moment où la police semblait avoir repris le contrôle du chaos, la Mustang noire arriva. Il y a deux sortes d’orgasmes : celui de la baise et celui de la mort qui se rapproche. Les balles volèrent dans toutes les directions. La portière passagère de la voiture s’ouvrit. C’était bien lui. Ce matin, encore trop saoul, il ne s’était pas levé. La veille, pourtant il était prêt au combat pour se rendre au bout du monde. Mais, ils étaient ensemble et ils savaient toujours arriver au moment précis où l’un avait besoin de l’autre. Le reste est comme un rêve. Il me pousse, je grimpe. Je suis assise sur lui et son espèce d’acolyte au volant encore sur les vapeurs de la veille démarre en trombe. Je sens les balles froides du semi-automatique me glisser le long de la cuisse, je sens l’odeur de l’argent. J’entends les sirènes et je pense bien que cette fois j’y suis enfin. Pour la première fois de ma vie, je prends mon pied.

Tic Tac Toc

Le tic du toc
Ses courbes!
Bois-tu la tasse?
Le toc du manque de tac
Mettre en boîte
Analyse
Une ligne
Paralyse devant sa jupe
Retrousse ton sourire
Mais je vous dis que ça va bien!
La fin des moyens
Retraite préventive
Capitulation?
Jamais
Je me perds
Elle s’égare
Saoule?
Bien sur
Un chat
Mais je suis scorpion
Je t’écrase
Fuite devant
Merde je suis saoul
Encore
Le gars est beau
Je cogne
Ben non embrasse
Celà pourrait faire un froid?
Je sais
Méchant conseil d’administration
Si elle savait
Convention morale.
Je couche ma main
Attention
J’attends mes cartes
La chance tournera
Comme ma tête 
En Tic Tac Toc

Sur le bord du gouffre

Sur le bord du gouffre où son souffle

M’engouffre je souffre

Toiles d’araignées qui me font saigner

Village déserté, hôtel abandonné

Je rêve de grands paysages éblouissants

Je deviens un accélérant électrisant

Lancer toute voile dehors, sur la Côte-d’Or

Dans mes éclats scintillants de conquistadors

Je cherche les cœurs de theclas nématiques

Qui hantent moqueurs, mon sombre manoir élastique

Pour me réjouir des encombres des esprits diaboliques

Pour fuir les Algonquins, qui m’ensorcellent coquins

Je m’établis alors taquin, dans un lit à baldaquin

Ayant bu trop de breuvage du malin

Ma parole se perd en vrillage manichéen

Que maintenant m’habite cette lointaine symphonie

Faite de reconduite de mes rêveries d’étourdi

Parcourez-vous le village pour vaincre le décalage?

Suivrez-vous mon sillage ou plutôt son mirage?

Lendemain de veille

Le couloir est vide
Les couleurs s’évaporent
Les désirs s’effacent
Le silence s’invite
 
Il ne reste que quelques secondes
Son visage disparait
J’avorte mes songes
Crois mes mensonges
 
La foule s’évanouit
La ville s’endort
Et je reste seul
Ici dans l’effroi
 
Perdu au creux
Des vallées tourmenteuses
Je sens que je perds pied
Je tombe de haut
 
J’avorte dans ma tête en bulle
J’avorte les possibles
J’avorte les mondes ouverts
J’avorte ma raison d’être
 
Silence froid
Des solitudes 
Je m’endors
Une fois encore sans vous