Peinture d’un temps ancien

( L’appartement, été 2008)
 
Disjoncter, mon ami le jeune clown
Dans sa cour, il y a une foule de courtisanes
Mais aucune ne semble pouvoir devenir reine
Disjoncter le clown
C’est un être complexe
Sa pensée n’est pas cristallisée
Elle virevolte au vent
Et on peut, si on est chanceux
Voir un peu plus loin
 
Et il y a ceux qui dansent
Et ceux qui rient
Il y a des éclats de lumières sombres
Qui frappent les corridors des esprits
Dans une boîte quelque part
Le  vieux disjoncteur observe la scène
Il est loin sur le front
Une ligne frontière
Il écrit sur du papier noir
Un texte à l’encre bleue
Pour son ancienne fiancée
Restée sur le quai, le temps d’un dernier baiser
 
Une scène, un plan, un horizon
Lentement, la caméra recule
Et prends de la vitesse
Il s’enfonce vers nulle part
Disjoncter le clown
Lui s’efforce encore devant les sourires
Il croit toujours au monde qui l’entoure
Sa déconnexion n’est pas terminée
 
Compte jusqu’à treize
Un, pour le temps qui passe
Deux, pour les peines d’amour
Trois, pour les corridors qui mènent vers ailleurs
Quatre, pour les bonbons roses de nos grand-mères
Cinq, pour l’amour
Six, pour l’art
Sept, pour les oubliés morts au champ d’honneur
Huit, pour les junkies qui marchent dans la nuit
Neuf, pour les vampires qui sucent le sang
Dix, pour ne plus rien comprendre
Onze, un cœur d’enfant
Douze, une amitié
Treize, court-circuit
Disjoncteur disjoncté
 
Il y a une scène de baiser
Sur le balcon quand la foule s’éloigne
Quelques bavardages
Il est tard, les étoiles se couchent
Ce soir, je traverse la nuit en voyageur
Au loin, la citadelle m’attend.