Le temps horloge

Frappe,
Une seconde et il était là.
Fraction d’espace, rencontre lumineuse.
Frappe,
Une minute de retard.
Sur le long de la fenêtre se touche une larme de pluie.
Grillage du temps sur la feuille de calcul des moments.
Elle se croise, il se pousse.
Revenir en arrière s’avère impossible, le prochain rendez-vous marquera l’heure.
Glissade des mécaniques qui roulent et s’effacent.
Frappe,
Elle était là, il n’y était plus.
Tristes fleurs en main.
Il s’évanouit en un souvenir de poudre d’argent.
Frappe,
Le sifflet du train se fait entendre au loin.
Partir là-bas d’une gare à l’autre.
Et espérer quelque part peut-être entre les astres.
Frappe,
Rien n’est plus comme avant, il n’y a plus de gare, plus d’espace, plus d’attente.
Tous vont si vite, se dit-elle.
Elle marche contre le vent,
Sa chevelure grise s’évapore dans la brume du matin.
Voilà maintenant soixante ans qu’elle attend,
Mais le train ne viendra jamais, la guerre est finie.

Texte : Maxime Charbonneau
Illustration : Mélissa Pilon