février 2015

Le réveil froid

( Mars 2000)

Chaque nuit absence
Le temps s’allonge
Pour s’étendre
Dans les étoiles
 
Et le soleil des nuits
Ne brille plus dans mon lit
Qui se refroidit
Dans l’hivers triste qui s’emplit
 
J’évoque son nom souvenir
Pour franchir l’aube des soupirs
Et je revois son sourire caché
Revenir me hanter

Destins croisés

(* Réflexion de Saint-Valentin à 32 degrés sous zéro *)

 Le métro roulait dans la nuit. La rame était déserte et sans vie. Je me souvenais de son regard qui disparut quand les portes du train se refermèrent sur elle. Elle avait encore trop bu; j’aurais voulu l’embrasser, mais mon amour pour elle s’était alors tu devant son refus. Quelque part, maintenant dans les mirages des illusions de décors qui défilent dans la grisaille des couloirs souterrains de la station Sauvé, j’inventais des mondes.

Quand je l’ai revue, elle s’était déjà amourachée d’un autre. Je me pris dans mes rêveries à penser les possibles. Était-ce mon propre manque de volonté ou mon attention détournée qui faisait en sorte qu’elle n’était que souvenir amer? Était-ce ma faute? Ou bien je n’y pouvais rien, car mon axe de vie se dirigeait inlassablement ailleurs? N’est-ce pas simplement une projection de la propagande du cinéma hollywoodien? Existe-t-il un monde où je sacrifie tout pour la rejoindre? Un monde dans lequel j’achète un billet aller simple. Un monde ou Franck Sinatra chante durant le générique de mes souvenirs.

Ce soir, il n’y a pourtant que le vent et la matrice ne m’offre rien que le glacial hiver québécois.      Il fait froid, l’alcool, les vapeurs de cannabismes affectent mes sens. Depuis les derniers bombardements de mon cœur par son aviation, j’ai demandé au général de l’armée de terre d’assurer la protection du bunker. Elle vit quelque part sans moi. Pense-t-elle à moi? Pense-t-elle à lui? La solitude, la vraie, serait-elle de t’aimer dans le vide, dans le néant, d’être seul sans miroir et sans retour?

Je me demande, si dans une autre dimension, mes amis seraient mes amis. Si je n’avais pas cette fois-là ou à cette autre occasion dirigé mes pas dans cette direction, que serait-il arrivé? Les couples, les coups de cœur, les baisers frénétiques, les enfants, la maladie et la mort, tout ça virevolte dans les chemins croisés des destins. Existe-t-il un espace différent des calculs aléatoires, des trajectoires divinatoires ou simplement un seul destin déjà payé d’avance? Existe-t-il un monde où j’ose lui dire que je l’aime?

Tentative d’épuisement de 3 lieux

Montréal, samedi 31 janvier 2015, 10h. Temps froid et sec, ciel ensoleillé. Trois coins de rue de trois quartiers différents. Simultanément postés devant nos écrans d’ordinateurs respectifs dans des cafés d’Outremont, d’Hochelaga et du quartier Centre-Sud, nous tentons de faire parler les lieux. Pendant une heure (la même), nous notons de façon continue ce qui s’offre à notre regard: l’animation des cafés, les affiches des commerces, les passants, les véhicules qui circulent dans les rues, la couleur des briques, la texture des arbres, les fissures dans les trottoirs, les déchets. Tous ces détails qui, ensemble, constituent la mémoire, inépuisable, de ces lieux montréalais.

10h

10h10

10h20

10h30 

10h40

10h50

11h